Drive to Survive : Netflix sauve la Formule 1

Drive to Survive :  Netflix sauve la Formule 1

Nous allons parler de l’une des séries les plus populaires de Netflix : « Drive to Survive » dont la saison 5 sort le vendredi 24 février. Cette série a été saluée par les fans de sport automobile car elle raconte les coulisses de la Formule 1. Une saison de la série correspond à une année spécifique de la compétition. La série se concentre sur les différents personnages impliqués dans le championnat. Au cours des 10 épisodes, on revient sur les moments clés mais aussi, et surtout, sur les rivalités entre les écuries et les pilotes. La série utilise des interviews, des images d’archives et des moments forts des courses. Le succès de “Drive to Survive” est notamment dû au fait qu’elle utilise une technique de narration très efficace, le storytelling. L’arme (pas très secrète) de Netflix.

Depuis sa sortie en 2019, chaque saison est un véritable succès. La série a captivé des millions de fans de Formule 1 à travers le monde.

➡️ Mais qu’est-ce qui rend la série de Netflix “Drive to Survive” si captivante ? Pourquoi la série est-elle si populaire malgré un scénario en apparence très creux ? C’est ce que nous allons voir en détail.

Première étape : visionner la bande annonce de la série

Netflix : le storytelling monté en épingle à cheveux de Drive to Survive

Rappelons le contexte de la formule 1. Pendant des années, ce sport était géré par le milliardaire britannique Bernie Ecclestone. Ses méthodes étaient plutôt ”old school”. En 2017 Liberty Media récupère l’organisation du championnat, pour la modique somme de 4,4 milliards de dollars. Elle met immédiatement en place des actions pour rajeunir le sport automobile et attirer un nouveau public. Pour cela, elle fait appel à la société de production Box to Box Films qui produira pour Netflix la série “Drive to Survive”. Son arc narratif est simple à comprendre. Il s’agit ici de storytelling comme sait très bien le faire la plateforme de streaming.

Pour ceux qui ne sont pas familiers avec ce concept, le storytelling est l’art de raconter une histoire captivante qui engage les spectateurs. Dans le cas de « Drive to Survive », les producteurs ont réussi à transformer les événements réels de la saison de F1 en une série dramatique pleine d’émotions et de suspense. Leur objectif est de capturer l’essence de la compétition, en mettant l’accent sur les rivalités, les drames et les tensions entre les équipes et les pilotes. On est donc bien loin des retransmissions de courses habituelles. Le storytelling mis en place par Netflix avec « Drive to Survive » a bien évidemment rendu la série intéressante pour les fans de F1. Mais elle a également attiré de nouveaux publics, pas nécessairement passionnés de sport automobile.

L’utilisation du Storybrand Framework

Dans un premier temps, intéressons-nous à la structure de l’histoire. Pour cela, je vais utiliser le framework du StoryBrand mise au point par Donald Miller. Cette méthode est basée sur 7 étapes qui permettent de raconter une histoire claire et convaincante en mettant avant un héros, ses défis et ses réussites.

 1️⃣ La première étape consiste à définir le héros. Dans notre cas les pilotes de Formule 1 qui cherchent à obtenir la pole position à chaque Grand Prix. Nous suivons des personnages comme Max Verstappen, Lewis Hamilton, Daniel Ricciardo, Charles Leclerc et bien d’autres.

C’est la maison qui offre.

Une attention particulière est portée sur les émotions et les motivations des acteurs principaux. L’accent est mis sur les histoires humaines, en montrant les personnalités des pilotes et des membres de l’écurie. Cela permet au public de mieux les comprendre et de se connecter avec eux. Un lien émotionnel se créer.

2️⃣ Puis on présente le problème, les obstacles et les défis que les héros doivent surmonter. Dans « Drive to Survive », on voit bien les rivalités entre les pilotes, les équipes. Auxquelles s’ajoutent les problèmes mécaniques, les accidents ou encore les décisions stratégiques. Tous ces éléments peuvent changer le cours d’une course.

3️⃣ Cependant, un guide vient en aide aux héros. Ici, il s‘agit des directeurs d’écurie qui les soutiennent et semblent porter l’écurie à bout de bras.

4️⃣ Ils fournissent à leur pilote un plan à suivre. Et c’est la quatrième étape. Dans la série, cette solution peut prendre différentes formes : comme une stratégie de course audacieuse, une bonne préparation physique ou mentale, ou encore un choix de pneus judicieux. Chaque épisode a son propre plan, ce qui permet de garder une certaine tension durant tout le long de la saison.

5️⃣ Étape numéro 5, l’incitation à l’action. Porté par toute une équipe, le pilote donne le meilleur de lui-même lors de chaque course. L’enjeu est d’autant plus important que leur vie en dépend puisque les voitures roulent en moyenne à 250km/h sur un tour lancé. L’accident peut être fatal. Les pilotes de “Drive to Survive” cherchent bien évidemment à battre les écuries concurrentes, mais également le pilote de leur propre équipe.
En effet, chaque écurie se compose de 2 pilotes. La concurrence entre eux est donc vive afin d’être “le privilégié” si un choix entre les 2 devait être fait. Ce qui arrive dans certaines stratégies pour assurer le succès de l’équipe. Les performances d’un pilote en individuel peuvent être sacrifiées au profit du collectif. Bien évidemment, pour le plus grand plaisir de Netflix et des spectateurs !

6️⃣ & 7️⃣ La dernière étape est la victoire ou la défaite de la course et de la saison de Grand Prix pour le pilote mais aussi pour toute l’écurie. Les pilotes cherchent à obtenir la première place du podium, et les directeurs d’écurie cherchent à avoir un maximum de points au classement des écuries. Ce qui nécessite une stratégie très précise dont les pilotes sont parfois les victimes collatérales.

Comment expliquer le succès de “Drive to Survive” ?

On ne va pas se mentir chez Netflix on a déjà vu meilleur scénario que celui de “Drive to Survive”. Mais alors, pourquoi la série a-t-elle connu un tel succès ? La réponse réside dans les rivalités entre les équipes et les pilotes. Elles ont créé un engagement fort de la part des fans. De plus, la série est parvenue à rendre le sport automobile plus accessible et compréhensible pour le grand public.

La série “Drive to Survive” a su captiver les téléspectateurs grâce à plusieurs éléments clés :

🏎️ La série donne un accès exclusif aux coulisses de la Formule 1. Cela permet aux fans de découvrir les secrets et les tensions en coulisses, ainsi que les efforts déployés par les équipes et les pilotes pour réussir.

🏎️ Les rivalités entre les pilotes et les équipes créant ainsi un suspense et une anticipation pour chaque course. La série a réussi à capter l’attention en mettant en lumière les différences de personnalité entre les pilotes et les équipes. Pour cela, des antagonismes entre eux ont été créés. Les rivalités sont une source de tension constante et peuvent transformer une course en un véritable drame. Les téléspectateurs aiment regarder des personnes et des équipes s’affronter. Surtout lorsque cela se déroule à des vitesses aussi élevées. Bref, un scénario similaire à celui de la télé-réalité.

🏎️ Les enjeux élevés. Les courses de Formule 1 sont très coûteuses et les risques d’accident graves sont importants. La série réussit à transmettre cette tension aux téléspectateurs.

🏎️ La qualité de production : la série utilise des techniques cinématographiques pour rendre les courses plus spectaculaires et les interviews plus intimes.

On s’aperçoit que certaines répliques de la série sont devenus des running gags que les journalistes sportifs mentionnent lors d’interviews. Et on ne compte plus le nombre de mèmes sur les réseaux sociaux grâce à la série.

Drive to survive netflix haas

Si vous ne deviez supporter qu’une seule équipe : Haas et Gunther ❤️‍🔥

 

“Drive to Survive” : le coût de génie de Netflix pour la formule 1

Il est difficile de dire avec certitude si la série Netflix « Drive to Survive » a eu un impact direct sur le nombre de téléspectateurs. De nombreux facteurs peuvent influencer les audiences d’une saison à l’autre. Mais il est fort probable que l’augmentation de l’intérêt pour le sport automobile dans certains pays y ait indirectement contribué. Selon les chiffres fournis par la Formule 1, les audiences télévisées ont augmenté de manière significative en 2019, année de diffusion de la première saison de « Drive to Survive » sur Netflix. On parle d’une moyenne de 87,4 millions de téléspectateurs pour chaque course.

La série a également contribué à accroître l’intérêt pour la F1 auprès de nouveaux publics comme le voulait Liberty Media. Les fans de sport automobile ont pu découvrir les histoires de coulisses (plus ou moins appuyées) qui se cachent derrière chaque course, tandis que les non-initiés ont été captivés par la narration dramatique de la série. Elle a augmenté la visibilité de la compétition et de ses protagonistes, aidant à bâtir leur notoriété et leur influence sur les réseaux sociaux.

Les écuries et les pilotes sont les premiers à bénéficier de cet engouement pour le sport automobile. Par exemple, l’écurie Haas (les outsiders) a vu son nombre de followers sur Instagram augmenter de 216% en un an après la sortie de la saison 2 de la série. Ce qui lui a permis de signer des contrats avec des sponsors qui cherchaient à être associés à la série. Lando Norris, pilote de l’écurie McLaren, a vu son nombre de followers sur Instagram passer de 840 000 à 2,4 millions en un an.

Par ailleurs, la Formule 1 a cherché à étendre sa portée géographique au cours des dernières années. Cela par la création de nouveaux Grand Prix dans des endroits tels que le Vietnam, le Qatar, l’Arabie saoudite ou même les États-Unis. Cette expansion est largement liée à la volonté de la Formule 1 de toucher de nouveaux publics et de renforcer sa position en tant que sport mondial de premier plan. Cependant, il convient de noter que la décision de créer un nouveau Grand Prix est prise après une longue période de planification et de négociations. Elles ne peuvent pas être directement liées au succès de « Drive to Survive ». Il s’agit de décisions complexes et influencées par de nombreux facteurs, dont le succès de la série pourrait n’être qu’un petit élément parmi d’autres.

Les limites auxquelles est confronté Netflix avec “Drive to Survive”

Mais il convient de noter que le format de « Drive to Survive » a ses limites. Bien que la série soit très divertissante, elle est également très subjective et ne présente qu’une partie de l’histoire. Les producteurs ont le pouvoir de décider quelles histoires raconter, et lesquelles laisser de côté. Ce qui peut parfois donner une vision biaisée de la réalité. En outre, les équipes et les pilotes peuvent choisir de ne pas participer à la série, ce qui signifie que certains aspects de la compétition ne sont pas couverts. Ce fut le cas avec le refus de Max Verstappen de participer à la saison 4 en affirmant qu’“en tant que pilote, je n’aime pas en faire partie. Ils ont inventé des rivalités qui n’existent pas vraiment. J’ai donc décidé de ne pas en faire partie.” Ce que l’on ne peut pas vraiment lui reprocher. Mais que l’on se rassure, celui-ci semble avoir retrouvé la raison et sera bien présent dans la saison 5. Est-ce que la victoire contestée du dit concerné à la fin de la saison 3 y est pour quelque chose ? Je vous laisse en juger par vous même.

En fin de compte, les téléspectateurs aiment la série en raison de sa capacité à captiver l’attention et à susciter l’émotion, malgré un scénario relativement simple. Elle parvient à transmettre l’excitation et l’intensité de la Formule 1, tout en présentant les personnages et les enjeux de manière captivante.

Les idées de scénarios pour la saison 6

Malgré son succès, le scénario de Netflix pour la série “Drive to Survive” est assez répétitif et creux, qui se concentre souvent sur les mêmes thèmes et histoires. Si une saison 6 voyait le jour, il pourrait être intéressant de se concentrer sur de nouveaux aspects de la Formule 1 :

💡. Les innovations technologiques, les développements des voitures ou encore les stratégies des équipes et des pilotes.
💡. Élargir la portée de la série en incluant davantage d’histoires de femmes dans cet univers, car elles sont totalement sous-représentées dans la série actuellement.
💡. Explorer les défis logistiques et organisationnels que les équipes doivent relever tout au long de la saison. En filmant les coulisses de la préparation des voitures, les contrôles techniques, les stratégies d’arrêts aux stands, etc.
💡. Mettre en avant les enjeux environnementaux de la Formule 1. Notamment en montrant comment les équipes tentent de réduire leur empreinte carbone, comment elles travaillent sur des technologies plus propres, et comment elles s’adaptent aux réglementations environnementales.

Pour maintenir l’intérêt des internautes dans les saisons à venir, je pense qu’il est important d’innover et d’explorer de nouveaux aspects de la Formule 1, tout en continuant à créer des récits convaincants.

 

Conclusion

En conclusion, « Drive to Survive » est un bon exemple de l’utilisation efficace du storytelling pour captiver l’audience comme sait si bien le faire Netflix. Elle a permis de faire passer la formule 1 d’une niche au grand public. Son succès s’explique par un rythme et une dramaturgie que l’on retrouve généralement dans les émissions de la télé-réalité. Les personnages principaux, qu’ils soient pilotes, directeurs d’écurie, ou des membres de leur famille (on dit d’ailleurs bonjour à Geri Halliwell, la femme de Christian Horner directeur de l’écurie Red Bull), sont présentés de manière à susciter l’empathie du public. “Drive to Survive” a été un grand succès pour la F1, aidant à construire la notoriété de la compétition et de ses protagonistes. Cependant le format de la série a également ses limites, les histoires étant montées et scénarisées selon un plan.

Il est intéressant de noter que la série a créé un nouveau marché pour les documentaires sportifs. Netflix utilise le storytelling de “Drive to Survive” pour d’autres sports tels que le tennis avec “Break Point”, le football avec « Sunderland ‘Til I Die » ou encore le golf avec “full spring”.

© Marine Levrat

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